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Deux mille québécismes dans l’édition des 50 ans du « Petit Robert »

En 1967, lors de sa première parution sous la direction d’Alain Rey, d’Henri Cottez et de Josette Rey-Debove, Le Petit Robert de la langue française ne contenait aucun québécisme. Hasard ou coïncidence : les québécismes ont été accueillis dans la deuxième édition du populaire dictionnaire, en 1977, à la suite de l’adoption de la loi 101 (Charte de la langue française) faisant du français la langue officielle de l’État et des tribunaux au Québec.

« Depuis ses débuts en 1967, Le Petit Robert est très ouvert, très accueillant à toutes les façons de vivre en langue française. Il a toujours eu une dimension ouverte à la francophonie, ce n’est pas un dictionnaire de Parisiens. Parmi les régionalismes, les québécismes sont les plus représentés. On arrive à plus de 2000 québécismes dans Le Petit Robert », explique Marie-Hélène Drivaud, directrice éditoriale du Petit Robert.

Expressions d’ici

Succédant à Gilberte Gagnon, qui a écrit avec Josette Rey-Debove le Dictionnaire des anglicismes (Le Robert, 1991), Guy Bertrand, premier conseiller linguistique à Radio-Canada, est, depuis 2012, conseiller auprès des lexicographes du Petit Robert. Ainsi, chaque année, le linguiste reçoit une liste de termes, accompagnés de leur définition, que les lexicographes ont recueillis dans de nombreuses sources variées. À son arrivée, le linguiste se rappelle qu’il y avait quelques retards ; la première liste qu’il a reçue comportait environ 130 termes et, l’année suivante, autour de 115 mots. Depuis, il en reçoit entre une quinzaine et une trentaine par année. 

« Je veille à ce que la définition corresponde à la réalité. Je suis beaucoup plus un locuteur francophone haut de gamme qu’un linguiste, une personne qui a toujours vécu au Québec et qui a toujours été attentive à la langue. Mon travail est très modeste, c’est simplement une explication contextuelle que je leur fournis », dit Guy Bertrand en soulignant qu’il n’a aucun droit de vie ou de mort sur les québécismes paraissant dans Le Petit Robert.  

L’un des aspects importants du travail du linguiste consiste à indiquer le niveau de langage de chaque mot (vulgaire, archaïque…) ou d’autres marques d’usage (critiqué, anglicisme, etc.) : « Au Québec, les gens ont tendance à prendre le dictionnaire pour un ouvrage normatif, alors que Le Robert est descriptif, nuance-t-il. Il est là pour nous dire ce que nous disons et non pour nous dire quoi dire. Tous les mots ont le droit d’être dans le dictionnaire parce qu’on n’en fait pas la promotion, on les explique. »  

M. Bertrand ajoute : « L’importance d’avoir ces mots-là dans Le Petit Robert, ce n’est pas pour les Québécois, mais pour le reste de la francophonie. C’est important pour les gens qui viennent au Québec de comprendre nos expressions. »

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